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Amine ALOULOU, Président de l’ATUGE Tunisie, a participé à un panel intitulé "Perspectives sur les migrations pour une Tunisie en mutation"

ATUGE Tunisie

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02/07/2023


Amine ALOULOU, Président de l’ATUGE Tunisie, a participé à un panel intitulé "Perspectives sur les migrations pour une Tunisie en mutation", lors d’un séminaire organisé par la Banque Mondiale, le 22 juin à Tunis, dans le cadre du lancement du nouveau Cadre de Partenariat Stratégique Pays 2023-2027.

Plus de 40000 ingénieurs et 4000 médecins ont quitté la Tunisie pour s’établir à l’étranger depuis 2015. Ils viennent se rajouter à plusieurs dizaines de milliers de cadres, ingénieurs, médecins, entrepreneurs déjà installés en Europe et un peu partout dans le monde. Ces talents sont une chance et une richesse pour les pays qui les accueillent, mais peuvent-ils aussi être une chance et une richesse pour leur pays d’origine? Quand on pense aux contributions de la diaspora, on pense souvent aux 8,5 Milliards de dinars de transferts de devises de 2022.

Mais ces transferts aussi importants soient-ils ne sont que la petite partie visible de l’iceberg des contributions potentielles de la diaspora. La Diaspora peut contribuer à la création d’entreprises. Elle peut contribuer à l’investissement productif.

Elle peut contribuer à l’attraction des IDE et à l’implantation d’entreprises internationales en Tunisie. Elle peut contribuer aux exportations de nos entreprises et à leur internationalisation dans les pays d’accueil. Elle peut apporter de rares et précieuses compétences pour développer nos entreprises et notre pays. Nous avons des centaines d’exemples de contributions de ce genre au sein de l’ATUGE. Mais nous devons reconnaître que ces contributions sont aujourd’hui très en dessous de l’opportunité que représente la Diaspora pour notre pays, faute d'une stratégie nationale digne de ce nom en la matière.

4 idées ou recommandations : 

1- Les réseaux de la Diaspora de talents tunisiens dans le monde se structurent et gagnent en maturité. A titre d’exemple, l’ATUGE qui existe depuis 33 ans, c’est plus de 8000 personnes, dont à peu près 2000 sont installés en Tunisie et 6000 en France, en Grande Bretagne, au Moyen-Orient et ailleurs dans le monde. L'ATUGE collabore de plus en plus étroitement avec d’autres associations de talents tunisiens de la diaspora aux USA, en Suisse, en Allemagne et au Moyen-Orient pour créer un réseau des réseaux disposant d'un solide point d'ancrage en Tunisie pour accompagner les projets de retour, d'entrepreneuriat, d'investissement et de transfert de compétences de la Diaspora. 

2- Un pays qui n’arrive pas à attirer, ni à retenir sa jeunesse la plus talentueuse, la plus créative, la plus entreprenante, peut-il se développer et réussir à faire face à des défis comme la modernisation de l'État, l'ouverture économique, la transformation digitale ou la transition écologique ? Bien sûr que non. Alors que faire pour rendre le pays plus attractif pour les talents ? C’est une question majeure qui n'est posée nulle part en Tunisie. De la même façon que la Tunisie dispose d’une politique d’attraction des IDE constamment benchmarkée avec les autres pays du monde, nous devons nous poser la question de l’attractivité du pays, de ses territoires, et de ses villes pour les compétences. Le rythme de départ actuel de nos jeunes les plus brillants est un sujet qui doit nous préoccuper et nous devons arrêter de vivre dans le déni et dans le mythe de l’abondance de la compétence. 

3- Nous devons travailler sur la création d’un flux de retour de talents de la Diaspora vers le pays. Facilitons la vie à cette Diaspora et aidons-la à contribuer davantage à son pays. Si on ne raisonne que sur les 40.000 ingénieurs partis depuis 2015, 1% seulement de retours au pays par an c’est 400 managers, leaders et entrepreneurs potentiels de plus pour notre pays chaque année. Vous imaginez l’impact que ça peut avoir en termes d’entrepreneuriat et d’apport de compétences et d’expertises ?

4- Sur la question de l’immigration, un « New Deal » est à inventer entre l’Europe et la rive sud de la méditerranée. Un New Deal Win-Win qui doit regarder vers l’avenir. L’Europe est en déficit structurel de jeunesse et de compétences dans plusieurs domaines. Pourquoi ne pas imaginer des programmes structurés de formation destinés à ces jeunes qui aujourd’hui se jettent à l’eau au péril de leurs vies pour rejoindre une Europe qui les rejette comme des pestiférés ? Pourquoi ne pas faire de ces jeunes les compétences dont l’Europe a besoin et leur offrir la chance d’émigrer et d’être accueillis dans la dignité ?




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