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La bancarisation de la diaspora tunisienne et sa contribution à l’économie en Tunisie

Finance

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24/12/2020

En partenariat avec la BIAT, l’ATUGE a organisé mardi 22 décembre 2020 un webinaire autour du thème « La bancarisation de la diaspora tunisienne et sa contribution à l’économie en Tunisie. »
En effet, pour les Tunisiens Résidents à l'Etranger, ouvrir un compte bancaire en Tunisie ou y investir est loin d'être simple surtout avec la complexité des procédures, l’attractivité du marché parallèle des devises ainsi que les difficultés dues au code des changes. Néanmoins, les transferts des TRE vers la Tunisie n’ont jamais été aussi cruciaux pour nos réserves en devises et pour soutenir le cours de notre monnaie.
Pour aborder tous ces points, l’ATUGE a fait appel à un panel composé par :
- Moez Laabidi, Universitaire, membre du Conseil d'Analyses Économiques
- Malek Landolsi, Responsable de la Direction des Tunisiens Résidents à l’Etranger chez la BIAT.
- Samir Bouzidi, Ethnomarketer et CEO de Impact Diaspora
La conférence a été modérée par Samar Louati, Présidente Bridging Angels.

Moez Laabidi a commencé par donner la vision macro-économique en présentant les chiffres de bancarisation des TRE et les transferts des Tunisiens d’une manière générale.
En effet, le flux en devise des TRE a montré une résilience par rapport aux chocs tels que la pandémie de la COVID-19 ou les attentats terroristes. Le montant de ces transferts a ainsi dépassé celui des recettes du tourisme avec un gap qui ne cesse de se creuser à cause de la crise sanitaire.
Avec un climat des affaires pas très favorable marqué par l’attentisme des investisseurs locaux, un dérapage dans les finances publiques et une prime de risque pays plus élevée à cause du durcissement des conditions de financement extérieurs, le flux des transferts TRE n’a jamais été aussi vital pour la Tunisie.
Mr. Labidi a ainsi assuré que l’amélioration de ces montants pourrait aider à contenir le déficit courant, atténuer la pression sur le dinar et par conséquent limiter les sorties sur le marché international qui deviennent de plus en plus couteuses et risquées.
L’économiste a souligné que le transfert des TRE ne représente aujourd’hui que 4.5% du PIB (2020 estimations), ce qui représente un taux relativement faible par rapport à d’autres pays de la région MENA telle que le Liban ou le Maroc qui se caractérisent par des contributions plus importantes allant respectivement jusqu’à 36% et 5.7% du PIB. Il a conclu son intervention en évoquant la structure de ces transferts qui se caractérise par une baisse des billets de banque suite à une migration vers les canaux formels et ce au profit des transferts postaux en premier lieu et les transferts bancaires en second lieu.

En réponse aux difficultés et blocages rencontrés par les TRE pour être bancarisés, Samir Bouzidi a essayé de donner une explication par rapport à ces faibles taux de bancarisation. Tout d’abord, Il estime que la mobilisation de l’épargne de la diaspora est un sujet qui est au cœur des enjeux du développement. En effet, un Tunisien à l’étranger envoie 15% de moins qu’un Marocain et 50% de moins qu’un Egyptien. La Tunisie n’a jamais réussi à dépasser la barre fatidique des 2 milliards de dollars en transferts des TRE. Selon l’expert, il s’agit d’un problème structurel lié à plusieurs facteurs. Tout d’abord, il y a un souci d’ancrage au pays qui reste uniquement familial pour la plupart des TRE et limité à aider la famille ou bâtir des résidences pour venir y passer les vacances d’été. Ensuite, l’éco système et le framework financier ne facilitent pas la tâche : avec beaucoup de bureaucratie, un processus de digitalisation à la traine, l’absence de fintechs, c’est très difficile de faire fructifir une relation à distance. Il y a aussi la séance unique qui reste une contrainte majeure aux 900 000 TRE qui viennent chaque été et qui peinent à développer des relations avec les banques de la place à cause de cette limitation saisonnière des horaires de travail. Face à ces challenges « les banques doivent revoir leurs stratégies et régénérer les framework pour mieux appréhender les besoins de leurs clients ».

Samir Bouzidi s’est ensuite attardé sur la nouvelle segmentation de ces clients avec des besoins très différents. En effet, les services demandés par les premiers migrants que l’expert appelle permanents paradoxaux sont largement différents des neo-nationaux qui sont des hauts cadres et veulent des services premium et pas uniquement une simple plateforme de transfert d’argent. Pour faire face à ces besoins latents, réels et tangibles, les banques de la place doivent remettre en cause leurs modèles actuels et adopter une démarche plus adaptée à la segmentation de la diaspora et capable de suivre l’évolution de leurs besoins. Enfin, il est primordial de fixer un objectif chiffrable à atteindre comme par exemple celui de 5.5% du PIB à l’instar du Maroc.

De son coté, Malek Landolsi a apporté le point de vue bancaire et a présenté l’offre spécifique et ciblée de la BIAT pour essayer de combler ce vide et répondre aux besoins de cette Diaspora. En effet, la première banque de la place a mis en place une équipe dédiée de haut niveau, proche de sa clientèle et extrêmement connectée avec elle. Avec à peu près 4000 jeunes cadres qui quittent la Tunisie chaque année, la BIAT est consciente du potentiel de cette diaspora et se doit de lui fournir la palette de services à même d’assurer sa contribution à l’économie nationale.

L’une des questions qui a été abordée est la rémunération des comptes en devises pour les TRE qui reste négociable entre le client et la banque mais reste contrainte par la fluctuation du dinar.
Le débat a aussi touché l’accès à la devise par tous les tunisiens, d’une manière plus globale au-delàs des TRE. Un tel changement doit être bien préparé et ne doit pas être initié en temps de crise car il pourrait mettre la Tunisie face à un risque de dollarisation.
Enfin, il est fondamental de quantifier le potentiel de cette bancarisation avec une perte estimée à 1 milliards $ de transferts captés aujourd’hui par le marché informel. En outre, il faut s’inspirer des expériences des autres pays en matière d’attraction des flux de la diaspora à l’instar de ce qui s’est passé en 2012 en Egypte avec l’émission de certificats de dépôts en devises indexés sur le dollar pour les résidents à l’étranger.

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